Charleston, contre haut-fonds et marée

Quelle journée! La dernière section de l’Intracoastal jusqu’à Charleston est derrière nous. Nous y sommes enfin arrivés et très heureux d’y être. Par contre, la prochaine fois, ce sera par la mer.

Nous sommes partis de notre mouillage une heure avant la marée haute afin de prendre un peu d’avance et de pouvoir franchir les derniers haut-fonds, environ trente milles plus loin, avec un minimum d’eau sous la quille. Vive l’heure normale de l’est, il faisait clair à 0630h ce matin! Pendant ces trente milles, nous étions en course. Notre adversaire? La marée descendante. Nous avons même déroulé le génois pour gagner quelques dixièmes de nœuds supplémentaires. Nous sommes finalement arrivés à la bouée 117A, celle que nous avons redoutée toute la matinée, une heure trente avant la marée basse. C’était juste! Selon le profondimètre il restait environ 6 pieds d’eau sous la surface. Le voilier qui nous suivait s’est échoué mais a réussis à se déprendre et à poursuivre. Une heure plus tard sur la VHF nous pouvions entendre d’autres bateaux pris au même endroit, mais pour eux, il faudrait attendre que l’eau revienne. Ça ne bougeait plus. Pas surprenant; lorsque nous sommes passés, nous avions encore 2.5 pieds de plus que le niveau de la basse mer. Une heure plus tard, il devait y avoir moins de 4 pieds d’eau…

Cape Romain National Park
Pas facile de maintenir une vitesse avec le courant qui varie d'inlet en inlet. Nous avons donc pris les grands moyens.
Malgré notre course contre la montre, nous sommes arrivés une quinzaine de minutes trop tard pour l’ouverture de 1100h du Ben Sawyer Bridge. Après avoir tant couru pour arriver de l’autre côté des haut-fonds, il nous a fallu jeter l’ancre devant le pont, dans 2.5 nœuds de courant, et attendre l’ouverture de midi. Au moins, nous étions du bon côté du banc de sable. Sinon, il nous aurait fallu attendre jusqu’à 1600h pour pouvoir le franchir. Nous avons donc passé une quarantaine de minutes à regarder les bateaux moteurs passer autour de nous. Pas de problème pour eux, avec un tirant d’eau généralement plus faible et aucun problème de tirant d’air, ils circulaient librement.

À l'ancre devant le Ben Sawyer Bridge (pont tournant).
Une fois le pont ouvert et derrière nous; il nous a fallu ajuster notre vitesse pour arriver à la marina juste un peu avant l’étale. Si nous avions continué à notre rythme du matin, nous serions arrivés au quai avec 2,7 nœuds de courant, ce qui peut être un sérieux problème dans un endroit restreint et inconnu. Google Maps a tout de même ces limites. C’est donc à une vitesse folle de 2 nœuds que nous avons remonté le chenal. En résumé, nous avons passé l'avant-midi à tout faire pour maintenir 6.5 noeuds de moyenne et une partie de l'après-midi à tout faire pour ne pas dépasser 2 noeuds. Des fois, il ne faut pas essayer de comprendre.

Quel subtile endroit pour camoufler un porte-avion; juste derrière une marina de plaisance!
Soulagement à notre arrivée, le courant était encore assez fort, mais nous n’avions pas de voisin à gauche et un employé de la marina est venu prendre nos amarres. Ce qu’il y avait à la place était un énorme lamantin (manatee) que notre voisine de droite nourrissait avec des feuilles de laitue. Le pauvre a le bout du nez complètement bleu à force de brouter les algues sur les coques des bateaux. J’aimerais bien lui expliquer que la peinture antisalissure est toxique et qu’il devrait vraiment s’en tenir à la laitue, mais nous ne communiquons pas très bien pour l’instant.

Notre voisin de gauche, avec le bout du nez bleu.
Une queue de sirène, mais la silhouette d'un gros billot de bois.
Nous resterons à Charleston trois nuits. Nous ne sommes pas allés plus loin que l’épicerie, mais nous avons bien l’impression que nous venons de trouver une perle rare sur la côte est. En attendant de commencer à visiter demain matin, nous écoutons les crevettes sous la coque. Ça crépite comme ce n’est pas permis. Il doit y en avoir une montagne. Je les soupçonne même de s’être agrippées à la coque tellement le son est net. J’espère juste que notre énorme voisin ne s’essaiera pas lui aussi…

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