Difficile de rester zen... encore des fils!

Ce soir, l’idée de retourner voir notre courtier, qui a son bureau à la marina voisine, et de lui remettre les clés du bateau nous a sérieusement effleuré l’esprit. Il y en a marre du troubleshooting et de la résolution de problème! Si nous avions acheté une épave, nous serions prêts à assumer, mais nous avons acheté un bateau clé en main, avec un historique d’entretien documenté et supposément en excellente condition. Je voudrais bien savoir ce que notre inspecteur maritime a regardé à part l’humidité dans la coque? Chaque nouveau problème en fait ressortir un autre; jamais rien de critique, mais ça consume un temps fou.

Malgré notre fatigue, probablement due aux infinis dons de sang que nous faisons aux très voraces moustiques du coin, j’ai quand même eu la joie de vivre un moment « eurêka » hier après-midi. Lorsque nous avons pris possession du bateau, le détecteur de propane et la pompe de cale ne fonctionnaient pas. Après pas mal de recherche, j’ai retracé la source du problème à un bloc déconnecté dans le panneau électrique. Jusque là, nous croyions en avoir fini avec l’électricité. C’était en avril. Mais depuis, nous avions constaté qu’à chaque fois que ce bloc était connecté, il devenait impossible d’éteindre le panneau 12V. Ni l’interrupteur sur le panneau, ni l’interrupteur principale pour les batteries n’avaient d’influence. La seule façon de couper le courant était de débrancher le fameux bloc, les bras jusqu’au coude dans le panneau. Ça peut toujours aller lorsque le temps est calme; mais en cas d’urgence dans la vague; pas question de se mettre les mains là dedans. Hier, en vérifiant les connections des disjoncteurs et des borniers (il faut bien trouver notre fuite de courant après tout) un petit bout de fil de 15 cm tout au plus a attiré mon attention. Depuis avril, je cherchais justement un fil qui permettrait au courant de faire le pont entre le groupe essentiel (toujours sous tension et relié directement à la batterie) et le panneau électrique. C’était lui! Je venais de trouver mon pont et je pouvais maintenant éteindre le panneau comme sur n’importe quel bateau normal, tout en conservant la VHF et la pompe de cale sous tension. Eurêka!

Nous soupçonnons l’installateur du désalinisateur d’être l’heureux responsable de la chose. Le Z-Brane devant constamment demeuré allumé (difficile à expliquer, mais disons que ça évite une procédure d’entreposage lorsque le désalinisateur n’est pas utilisé pour une période prolongée), il ne s’est pas contenté de l’autocollant « LEAVE ON » à côté du disjoncteur, il a aussi ajouté une alimentation 12V pour le maintenir sous tension. Lui et tout le reste du panneau… Au moins c’est réglé.

Pour ceux qui se demandent à quoi ressemble un panneau électrique 12V (photo du printemps)
Et de l'arrière (photo du printemps)! Le coupable est le fil rouge vertical à l'extrême gauche.
Ne voulant plus entendre parler d’électricité, Michel a pris une tangente hier matin et a subtilement décidé de faire une mise à niveau de l’éolienne. Une fois commencé, on ne pouvait plus arrêter. How convenient! De peine et de misère l’éolienne a donc été abaissée au niveau du sol, tous ses fils déconnectés et elle a eu droit à une inspection en règle. La bague la reliant au poteau a donc été remplacée. Fini les vibrations. L’ancienne était à peine trop grande, mais à 25 nœuds, ça vibrait dans tout le bateau. Quelques autres pièces ont aussi été remplacées, le joint du capot refait, les pales réparées et balancées et finalement, la chose est retournée au sommet de son poteau pour un bon petit bout de temps; touchons du bois. KISS vend un ensemble de mise à niveau pour environ 80$. Les instructions sont assez ordinaires, mais Libbye au service à la clientèle est particulièrement gentille et nous a donné tous pleins de trucs pour améliorer l’éolienne. Les nouveaux boulons du capot sont trop courts par contre; ne perdez pas votre temps comme nous l’avons fait à essayer de les remplacer. Le moule a du être modifié depuis que la nôtre est sortie de l’usine.

Le poteau de l'éolienne est pivoté vers le bas et l'éolienne est accessible au sol. Vive les winches!
On commence à démonter
Autre projet plus amusant, mais tout aussi important : une manucure pour nos anodes. Oui, oui, une manucure. À force de chercher de l’information sur les fuites de courant, Michel a trouvé un lien très intéressant expliquant comment prolonger la vie des anodes pour les hélices Max Prop. (Voir le site Internet ici). Ce qui saute aux yeux lorsque l’on regarde notre anode d’hélice est la façon dont elle est usée. Il y a encore pas mal de matériel au centre, mais plus rien autour des vis. Encore un mois, et notre anode se retrouvait au fond de l’eau avec les poissons, laissant notre hélice complètement exposée à la corrosion. La solution, simple et rapide, a en fait réglé deux problèmes pour le prix d’un : nous avons trouvé comment prolonger la vie de nos anodes et j’ai réussis à me débarrasser d’une bouteille de vernis à ongle que je n’avais jamais utilisée! Il suffit donc d’appliquer deux couches bien épaisses de vernis autour des trous de vis. Tout simple, mais après six anodes, je dois dire que la tête commençait à me tourner. C’est fou la quantité de solvant qu’il peut y avoir dans une aussi petite bouteille.

Nous verrons bien une fois arrivés en Floride si le truc aura fonctionné ou pas pour nous, mais une petite demi-heure de peinture semble un investissement raisonnable si les résultats s’avèrent aussi concluants.

Après et avant, le trou pour la vis n'en avait plus pour très longtemps.
Quand je pense que nos anodes ont eu droit à une manucure et moi pas... Pfff.
Toujours à la recherche de notre fuite de courant, nous avons aujourd’hui remplacé une prise GFI qui nous causait des soucis depuis quelques semaines. Malheureusement pour nous, ce fut un autre projet de dix minutes qui aura fini par prendre deux heures, une visite à la quincaillerie et le démentellement d’une partie de la salle de bain arrière. Les pôles de la prise existante et de notre nouvelle prise étant inversées les uns par rapports aux autres, il nous fallait aussi inverser les fils et pour se faire, les allonger de cinq tous petits centimètres. Les fils étant à peine assez longs pour la prise existante, il n’y avait aucune chance de pouvoir installer la nouvelle prise. Nous sommes donc partis à la recherche des fils, généralement placés dans un endroit stratégiquement inaccessible par Bénéteau. C’est donc derrière la pharmacie de la salle de bain que je les ai trouvés, après avoir démonter une autre prise électrique, une porte, la pharmacie elle-même et de nombreuses attaches à fil. Pour faire changement, je pousse, je tire, je vois bien qu’il y a une tonne de fil excédentaire, mais ça ne bouge pas de l’autre côté du mur. Un peu plus de recherche et de temps m’auront permis de conclure qu'un des deux fils était figé dans l’adhésif qui joint les cloisons intérieures au pont. Meilleure chance la prochaine fois, ce fil fait maintenant parti intégrante de la structure du bateau. Entre temps, Michel est revenu de la quincaillerie avec une prise GFI identique à l’existante et nous avons pu la remplacer. Pour nous rendre compte, après coup, qu’elle faisait un genre de humm constant sous tension.

Première vérification : la prise de la pharmacie (oui on démonte à nouveau) placée en avale de la nouvelle prise sur le circuit. Elle fonctionne parfaitement, le voltage est bon, la mise à la terre aussi. Bon, alors encore un peu de recherche et nous aboutissons dans le panneau 110V pour confirmer que l’amont est aussi correctement installé. Tout est beau. Dernière étape : Google. À en croire Internet, il semblerait que certaines prises GFI sont plus sensibles que d’autres à la forme de l’onde créée par un onduleur, d’où la source possible du bruit. Et Google en rajoute, les machines Nespresso sont extrêmement sensibles aux ondes imparfaites… Voilà, nous avons notre réponse pour la prise GFI et pour ma cafetière. Tout ce temps nous croyions que l’onduleur n’était pas assez puissant… c’était la machine qui était trop sensible. Nous n’aurions jamais pensé qu’une machine à café nous aiderait à résoudre un problème électrique, mais dans le cas présent, je dirais que les symptômes pointent dans la même direction.

Photo du printemps, mais le fil est toujours à sa place: derrière la pharmacie. La porte vitrée est ailleurs en sécurité.
Pendant que nous cherchions à régler un problème qui n’en était pas un, nous en avons découvert quelques uns bien réels avec notre isolateur galvanique. Comme il m’empêchait d’accéder à l’arrière du panneau 110V j’ai du le démonter (oui, c’est toujours comme ça un bateau, pas de place) et ce faisant nous avons constaté que les DELs indiquant son statut ne fonctionnaient pas. Cet isolateur est celui dont je parle depuis deux jours et sur lequel nous comptions pour protéger le bateau et nos anodes à la marina cet été… Donc, problème 1 : l’alimentation 12V requise pour le système d’auto-diagnostique était déconnectée. Ça s’arrange. Problème 2 : le fusible sur le fil d’alimentation 12V était de 5A au lieu de 1A et était brûlé. Ça s’arrange aussi. Problème 3 : une fois le tout corrigé, lumière rouge. Notre isolateur nous indique qu’il éprouve une faute interne et que nous devrions le retourner chez le fabriquant. Ça se remplace toujours, mais confirmons qu’il est vraiment mort avant. Problème 4 : lorsque nous testons les diodes de l’isolateur nous obtenons exactement les valeurs que nous devrions avoir, ce qui indiquerait plutôt qu’il est en parfait état de fonctionnement. Qui dit vrai? Aucune idée. Problème 5 : supposons que notre isolateur est kaput, il est discontinué depuis l’automne 2012 et son remplaçant fait presque deux fois sa taille. Il n’y a pas d’espace derrière le panneau pour installer le nouveau modèle et il n’est pas question de déplacer ou de remplacer le filage existant. Je viens d'expliquer le bordel pour accéder aux fils d'une prise GFI, et bien le panneau 110V est confortablement installé dans un cabinet de bois faisant partie intégrale de la table à carte et de la credenza… il n’est absolument pas question de commencer à démonter ça. Après plusieurs aller-retours, nous avons trouvé un modèle de taille similaire chez West Marine, mais pas en stock. Il nous reste à décider si nous prenons la chance de conserver l’ancien ou si nous le remplaçons.

Sur la gauche, l'arrière du panneau 110V. Vous voyez ce qui cloche pour en retirer le couvercle? À droite, l'espace disponible ne l'est pas vraiment. L'emplacement doit être gardé libre pour le sélecteur de sources 110V lorsque le panneau de bois est en place.
Et oui, un isolateur galvanique à déplacer temporairement
Pas connecté, mais très bien identifié. C'est déjà çà!
Tant qu’à avoir une mauvaise journée, nous avons finalement vérifié le voltage sur l’arbre d’hélice et les passe-coques avec l’alimentation 110V connectée au bateau. Nous obtenons de 2.2V à 7 V selon les configurations de disjoncteurs et d’interrupteurs… J’aimerais croire que notre technique de prise de mesures est mauvaise, mais 7V c’est un peu fort pour une erreur de l’utilisateur. J’espère très sincèrement que l’électricien qui doit venir voir le bateau connait son affaire parce que le pauvre risque de découvrir à quel point notre patience est mince cette semaine.

Et finalement, parce qu’il y a des départements que nous voudrions ignorer mais qui ne s’ignorent pas, la journée s’est conclue avec mon tête à tête semi-mensuelle avec la toilette au composte. Je vous passerai les détails de mes aventures pour l’instant, mais dans tous les cas il y a toujours d’impliqués un rouleau de papier essuie-tout, une bonne pile de lingettes désinfectantes, une paire de gants de latex (complètement inutiles parce que trop courts - il m’en faudrait qui montent jusqu’au coude) et beaucoup de savon et de courage. Sachez du moins que j’en suis maintenant à la version 4.0 en terme de modifications et que la phase de R&D ne semble pas prête d’aboutir. Nous commençons à contempler la possibilité de transformer la deuxième salle de bain en garde-robe et de faire un feu de camp avec la toilette et les réserves de fibre de coco déshydratée que nous trainons avec nous. Mais cette histoire sera pour un autre jour.

2 comments:

  1. Ah mais que serait la vie en bateau sans les histoires liées aux toilettes. C'est une condition sine qua non à ce beau mode de vie et c'est ce qui fait les histoires les plus drôles (après coup, bien sûr) :-D

    Allez, bon courage! Dites-vous que vous que le récit de vos mésaventures divertit au moins les pauvres terriens que nous sommes en ce moment ;-)

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  2. Lâchez pas vous allez y arriver!!! En tout cas, bon récit de vos mésaventures!
    A bientôt
    Going Knots

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